6. Le cadre des différentes fédérations existe… mais son application dépend entièrement de l’organisation
Les fédérations disposent bien d’un socle réglementaire : règles techniques, règles de sécurité, protocole matériel, responsabilité du conducteur, pouvoir du juge, cadre disciplinaire, possibilité d’exclusion, et sanctions allant de la disqualification à la suspension. Sur le papier, le système est cohérent et suffisamment solide pour garantir la sécurité des chiens et des conducteurs.
Mais la réalité du terrain est très différente : l’application de ces règles varie énormément selon l’organisation, la structure du site, les juges présents et les moyens humains disponibles.
6.1. Une grande hétérogénéité selon les clubs
Certaines organisations appliquent strictement les règles : sas espacés, zones d’attente séparées, rappel ferme des consignes, juges actifs sur le terrain, sanctions immédiates en cas de danger. D’autres clubs, faute de bénévoles ou d’expérience, laissent passer des comportements dangereux ou ne sécurisent pas certaines zones critiques (paddock, podium, arrivée).
Le résultat est simple : la sécurité d’un chien dépend parfois davantage du club qui organise que du règlement fédéral lui-même.
6.2. Le rôle du juge : décisif, mais variable
Le règlement donne au juge un pouvoir fort : refuser un départ, exclure un binôme, arrêter un chien dangereux, consigner un incident, transmettre un dossier disciplinaire. Mais ce pouvoir dépend :
- de son positionnement sur le terrain ;
- de sa disponibilité (un juge pour 150 chiens = mission impossible) ;
- de sa tolérance personnelle ;
- de sa formation et de son expérience réelle ;
- de la gestion ou non des incidents “mineurs”.
Certains juges interviennent dès les premiers signaux de danger. D’autres n’agissent qu’en cas d’incident avéré. D’autres encore adoptent une position très permissive, laissant la responsabilité au conducteur.
Conséquence : deux courses peuvent avoir des niveaux de sécurité diamétralement opposés.
6.3. L’absence de standardisation entre épreuves
Le règlement est unique, mais son exécution ne l’est pas :
- largeur des sas très variable ;
- zones d’arrivée parfois ultra compressées ;
- aucune zone neutre dans certains sites ;
- podiums improvisés en espace restreint ;
- parcours avec croisements dangereux ;
- absence totale de séparation entre public et zone course.
Dans un sport où la densité canine peut dépasser 120 chiens sur un même créneau horaire, ces variations logistiques créent des contextes très inégaux.
6.4. Aucun protocole clair et uniforme post-incident
Toutes les fédérations canines (FFSLC, FFST, ICF, IFSS) ont un outil : le rapport d’incident. Mais il n’est pas toujours rempli :
- faute de témoin officiel présent ;
- faute de temps ;
- faute de procédure interne au club ;
- faute de juge disponible ;
- ou par crainte de “faire des histoires”.
Sans rapport, aucune sanction disciplinaire ne peut être engagée, même en cas d’agression grave. C’est l’un des plus grands angles morts de la sécurité actuelle.
6.5. Une culture de prévention encore insuffisante
Les règlements sont pensés pour la sécurité, mais leur efficacité repose sur :
- la formation des bénévoles ;
- la capacité à anticiper les zones sensibles (sas, arrivée, podium, paddock) ;
- l’intervention rapide en cas de tension ;
- l’application stricte des mesures disciplinaires.
Lorsque ces conditions ne sont pas réunies, le règlement reste un document PDF… et les incidents se répètent.
6.6. Conclusion : un cadre solide, mais une mise en œuvre fragile
Les fédérations fournissent un cadre clair. Mais sans une application uniforme, sans standardisation, et sans protocole post-incident systématique, la sécurité dépend davantage de l’organisation locale que du règlement national.
C’est pour cette raison que les incidents varient autant d’une course à l’autre. Et c’est pourquoi la prévention, la formation et la rigueur organisationnelle doivent devenir prioritaires pour toute structure accueillant des chiens sensibles ou réactifs.
La sécurité de tous repose avant tout sur la gestion du chien par son maître. Nous serions ravis de proposer une formation "club" sur la prévention comme nous le faisons par exemple pour la prévention morsure en école, administration etc.. (PECCRAM). Tout comme les interventions "matériel" celà pourrait être une idée à mettre en place par les fédérations.
Comments (1)